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La blockchain et les cryptomonnaies, réelles opportunités pour le continent africain

Afrique - Autres organisations, Droits nationaux
Tech&droit - Blockchain
19/01/2018
La cryptomonnaie est une monnaie virtuelle circulant sur internet grâce à la technologie blockchain. Il en existe plus de 1 500 aujourd’hui. Le bitcoin et l’éther en sont les plus connues mais le litecoin, le dash, le ripple ou encore l’EOS sont autant de cryptomonnaies alternatives moins connues. 
Comment expliquer l’essor des monnaies virtuelles ?
Aujourd’hui le système bancaire est dépendant d’un stockage centralisé des données. Mais, du fait de l’évolution des technologies et des systèmes de piratage, les systèmes de stockage centralisés sont de plus en plus vulnérables.
Des systèmes décentralisés se sont donc développés, et notamment celui des cryptomonnaies (le plus connu). Ces systèmes ne sont pas gérés par une seule institution, comme la banque par exemple. La cryptomonnaie repose sur le système de blockchains qui permet de sécuriser des données en les stockant de façon décentralisée.

Pour prendre l’exemple du bitcoin, le principe est simple : l’échange de cette monnaie doit s’effectuer de particulier à particulier sans passer par un intermédiaire bancaire mais par un système peer to peer. Ce système décentralisé complexe rend le piratage plus difficile, car il doit impliquer les millions d’ordinateurs faisant partie du système décentralisé, et non un même système informatisé et central.

Quels sont les avantages de la cryptomonnaie ?
Le premier avantage de la cryptomonnaie, c’est sa capacité à limiter l’inflation. En effet, le processus bitcoin mining crée 25 bitcoins toutes les 10 minutes. La création de la monnaie est donc limitée. Au contraire, la monnaie traditionnelle peut être émise en forte quantité, comme ce fut le cas, par exemple, lors de la République de Weimar où l’État avait émis une trop grande quantité de monnaie, provoquant une énorme inflation. Le mark de la République de Weimar en 1923 a été un cas typique d'hyperinflation. Afin de financer l’effort de guerre, la convertibilité du mark en or fut suspendue et la quantité de mark en circulation fut multipliée par quatre. Selon plusieurs économistes (en ce sens, v. l'étude de Sylvain Gouteron et Daniel Szpiro) le monde souffre aujourd’hui encore d’un excès de liquidité, notamment à cause de l’explosion de la masse monétaire aux États-Unis.

Un autre avantage est la rapidité de transfert de cryptomonnaies. En effet, un transfert de bitcoin d’un continent à un autre s’effectue en une dizaine de minutes, alors qu’un virement entre deux pays étrangers peut parfois mettre plusieurs jours, à cause des vérifications faites par les banques pour lutter contre la fraude et la corruption. De plus, les coûts de transfert sont également très faibles comparativement à ceux d’une banque.

Quelle situation en Afrique ?
En Afrique, les monnaies virtuelles ne cessent de se développer et de se sécuriser. Par exemple, le eDinar, première cryptomonnaie tunisienne a fêté ses 3 ans cette année et fonctionne grâce à la technologie des blockchains. Cela a encouragé la création de plusieurs plateformes de transfert de monnaies virtuelles, utilisées notamment par la Poste nationale en Tunisie (v. également, la plateforme kenyane BitPesa, qui utilise la blockchain pour réaliser des paiements).
 

L’impact est tel que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest réfléchit à se lancer dans ce domaine (RFI, 2 juin 2017, En Afrique, les monnaies virtuelles se sécurisent).

Cependant, actuellement, la réglementation des cryptomonnaies est très faible du fait de la difficulté des juristes à qualifier la cryptomonnaie.

Parfois qualifiée de valeur mobilière par certains États (comme les USA), et d’autres fois qualifiée de « biens  divers » (ces cryptos ne sont ni des instruments financiers, ni des monnaies, ni des moyens de paiement au sens juridique du terme), il est devenu très difficile de prévoir le régime juridique et notamment fiscal qui s’appliquera à une cryptomonnaie donnée (v. Polrot S. : « La problématique de la fiscalité du trading de cryptomonnaies n’est pas résolue », Actualités du droit, 23 juin 2017).

Ceci étant, la technologie blockchain et les cryptomonnaies sont de réelles opportunités pour le continent Africain, (et pour le monde) et l’essor de l’un entraînera forcèment l’essor de l’autre.

La prédisposition du continent à l’utilisation des monnaies dématérialisées aura très certainement pour conséquence de faciliter l’admission des cryptomonnaies dans la vie quotidienne et la vie des affaires en Afrique, plus facilement qu’ailleurs.  
Source : Actualités du droit